On sait pageDe nôtre camarade "PARA DU 8"  major(H) Jacques ANTOINE

 

Le colonel

D’où vient le colonel ?

Drôle de question me diront certains : de Cyr voyons ?

Non de Gennevilliers  rétorqueront d'autres !

Oui pour ceux qui ne savent pas le colonel Degand est né dans cette ville où d'ailleurs  le maréchal de Richelieu, petit neveu du cardinal fit construire un magnifique château. Beau nom, Richelieu, d'autant que le grand tonton est l'homme qui créa les "compagnies de la mer" futures Troupes de Marine.

De là à dire que Gennevilliers est une pépinière de TDM serait s'avancer un peu mais il suffit qu'elle ait donné un chef de corps au "8" pour devenir très respectable !

En fait c’est vrai, ma question est mal posée. Je pensais au mot "colonel" simplement. Alors d’où vient l’appellation de colonel ?

               

Ce mot vient de l’italien colonello tiré de colonna ( troupe en colonne ).

La fonction de commandant de régiment fut créée en France par Henri II : Le Mans 1133- Chinon 1189 (celui qui s’est marié avec Aliénor d’Aquitaine  voyons !)

Le terme colonel était alors lié à la puissante dignité de colonel-général jusqu’à la suppression de cette fonction par Louis XIV : St Germain en Laye 1638- Versailles 1715  (celui qui eût entre autre pour maîtresse Madame de Montespan) .

A partir de cette époque, colonel évoque le commandement mais surtout la propriété du régiment. On pouvait être directement promu colonel en achetant  un régiment, parfois on le faisait pour un nouveau-né. On disait alors qu’il était « colonel à la bavette ». Le commandement effectif était confié à un « lieutenant du colonel » qui deviendra vite un lieutenant-colonel, toujours un officier chevronné mais trop pauvre pour s’acheter un régiment.

L’ordonnance de 1758 et surtout celle de 1176 exigèrent, pour les colonels, d’abord un âge minimum de 25 ans  puis plus tard 14 ans de service au moins pour être nommé.

En 1793 les colonels devinrent des chefs de demi-brigades. En 1803 ils retrouvèrent  leur fonction désormais inchangées, de commandants de régiment.

 A présent, une curiosité :

Revenons au colonel-général, fonction créée par François 1ier : Cognac 1494- Rambouillet 1547 (Marignan 1515 c’est lui !)

Le colonel-général de l’infanterie, par exemple était le chef suprême de cette infanterie et possédait la première compagnie de tous les régiments qu’il avait sous ses ordres. L’unité en question était alors appelée la « compagnie colonelle ». Elle était commandée par un capitaine choisi par lui et cette compagnie était la seule à arborer un drapeau blanc, emblème du chef suprême.

Après la suppression de la charge de colonel-général, la première compagnie du régiment devint celle du chef de corps et conserva le nom de « compagnie colonelle », sauf dans les  gardes suisses  où elle s’appelait « compagnie générale » (allez savoir pourquoi ?)

Cette dénomination de « compagnie colonelle » disparut en même temps que la monarchie.

         Autre chose encore :

Une trace est restée pourtant, le passant blanc de la première compagnie qui trouverait son explication ici. Seulement c’est beaucoup plus compliqué que cela car la couleur réglementaire de la première unité dans un régiment d’infanterie, même parachutiste est le bleu.

En revanche il devrait  y avoir du blanc sur son fanion actuel or il n’y en a pas, et ce blanc n’aurait rien à voir avec le passé et la « compagnie colonelle ». Pas simple comme explication allez vous me dire, mais cela peut s’expliquer même si au « 8 » on n’a vraiment pas fait comme les autres.

 

Notre ancre de marine… Laquelle prendre ?

Plusieurs d’entres vous m’ont posé la question à propos de l’aspect et du port de notre ancre de marine.

Il est vrai que l’on trouve sur nos insignes métalliques où en tissus des ancres de plusieurs modèles. En effet, le câblage n’est pas très uniforme. Voici donc un élément de réponse dont j’ai pris des extraits sur des sites parlant justement de notre ancre de Marsouins où de Bigors.

Avant, repassons notre histoire en revue pour avoir quelques repères avec quelques dates. Il n’est jamais mauvais de relire ce que vous savez déjà, du moins je l’espère.

1622 Richelieu crée les 100 compagnies ordinaires de la mer pour embarquer sur les navires et servir de troupes de débarquement. Ce n’est qu’un début mais l’idée sera reprise. Les Troupes de Marine sont nées.

1772 : Une ordonnance royale prévoit le port de l'ancre de la Marine sur les tenues des régiments des ports constituant le corps royal de la marine, implanté à Toulon, Brest, Rochefort, St Malo, Bordeaux, Le Havre, Bayonne, et Cherbourg.

1900: L'ancre est portée par l'infanterie coloniale ; l'artillerie coloniale porte la grenade et l'ancre ne figure que sur ses boutons.

1916: Les Bigors adoptent l'ancre surchargée de la grenade.

1919: Tous les officiers portent l'ancre d'or au képi.

1920: L'ancre entrelacée d'un câble devient l'insigne commun des Troupes coloniales.

1933: Les artilleurs ne portent plus la grenade.

1939: Un texte officiel précise que "l'ancre est entrelacée d'un câble qui se présente sous la forme d'un S renversé".

1945 : L'ancre est sur tous les attributs du soldat de marine : képi, pattes d'épaule, insigne de collet, bouton, insigne de manche, insigne d'unité (le reste de l'armée de terre s'attache à identifier les régiments par leur numéro).

1953 : Homologation d'une ancre dite de tradition, à double enroulement, par le Service historique de l'armée de terre (SHAT).

1962: Création du béret des TDM (ancre à simple enroulement), réglementé par l'Intendance.

1985: Ancre dite de tradition réglementée par le SHAT et imposée pour l'homologation des fanions (double enroulement).

1990: - La couleur écarlate de l'Artillerie devient bleu marine pour les écussons de collet métallique des Bigors.

Mise en place de l'ancre à simple enroulement sur les collets métalliques et les boutons des vareuses Terre de France (CAT).

Aujourd'hui l'ancre d'or est l'unique signe distinctif des Troupes de marine où qu'ils servent (infanterie, artillerie, cavalerie) Tous les Marsouins et Bigors arborent depuis 1990, sur leur tenue Terre de France, l'ancre d'or sur fond bleu marine. Au sein, des armées ce symbole est renforcé depuis que la Marine nationale a abandonné l'ancre comme logo pour la remplacer par la proue bleue blanc rouge d'un navire de guerre.

Depuis l'Ancien Régime, cette ancre des troupes de la Marine, devenues Troupes coloniales puis Troupes d'outre-mer avant de s'appeler Troupes de marine, a été représentée de diverses manières.

Avec ou sans câble, avec ou sans numéro d'unité, avec ou sans bombarde, avec ou sans grenade, associée ou pas à une chimère... l'ancre s'impose toujours comme le symbole d'une culture d'arme, liée entre autres au rêve d'aventure, aux lointains horizons, à la connaissance de l'étranger bref, à l'image des soldats d'élite appelés par devoir sur tous les points du globe.

Flottant sur les drapeaux et les fanions, portant haut sur les couvre-chefs et les tenues, l'ancre accompagne le soldat du désert comme celui de la jungle, sur toutes les latitudes du globe. Ainsi, elle s'associe naturellement à l'iconographie du domaine colonial puis à celle de l'outre-mer. 

Aujourd'hui, les textes décrivent deux ancres des Troupes de marine qui se ressemblent mais s'opposent sur un détail, l'enroulement du câble

- l'ancre du SHAT (IM 685) : le câble s'enroule deux fois autour de la tige et ressort par le dessous du bras gauche ; ce modèle est le plus proche de celui des marins à double enroulement ; cependant, l'ancre de la Marine Nationale montre un câble qui prend son départ à gauche de l'organeau.

Troupes de marine

L'ancre du commissariat de l'Armée de terre (IM 10200) le câble s'enroule une seule fois autour de la tige et ressort sur le dessus du bras droit de l'ancre ; cette ancre est aussi réglementée pour les insignes de cols des tenues, les boutons et les képis.

Troupe de marine beret

COMMENT FAIRE ?

Donc comment s’en sortir avec une ancre du service historique qui préconise le modèle créé en 1920 et celle que le Commissariat nous imposa en 1990 avec les tenues TDF ?

(Notons que le Commissariat de l’époque n’a rien imposé à la Légion)

Ce qui compte est le départ du câble à DROITE de l’organeau. Vous pouvez donc faire le tri de vos insignes fantaisies et ne conserver sur votre tenue que les ancres câblées à DROITE car suivant les fabrications on trouve de tout en particulier sur les fourreaux d’épaules.

Pour vous en souvenir regardez l’insigne du « 8 » il est câblé de la bonne manière.

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Soleil royal 

J’étais un soldat de Marine….

Vous ne vous rappelez pas. Moi non plus, mais nous avons quitté la Marine en 1900 !

Cette année là, les Troupes de Marine sont devenues les Troupes Coloniales et ont été intégrées dans l’armée de terre.

Ils ont certainement gardé encore un temps leurs habitudes et leur langage de marins puis au fil des ans ont perdu des termes et des expressions pour en prendre d’autres.

Aujourd’hui que reste t’il de ce langage de marin ? Nous qui avons le langage de l’infanterie et des parachutistes sans oublier les termes anglais que nous utilisons de plus en plus pour faire intello?

Nous en avons perdu, ça c’est sur mais vous allez avoir des surprises car il y a des mots que l’on croit nouveaux qui ne le sont pas mais qui ont « dérivé ». A vous d’en faire le rapprochement.

Voici donc un peu de vocabulaire marin gardé ou perdu.

Après chaque mot il y a l’année de création.

En ABORD (1468) Ce sont les cotés du navire. Tiré de ABORDER, ABORDAGE, c'est-à-dire mettre deux bateaux bords à bord par exemple ou mettre le bord du bateaux contre quelque chose.

Faire les abords est donc un reste de marine.

ATTERRISSAGE (1835) pour les marins c’est arriver à proximité de la terre.

La BAILLE (1325) C’est un demi-tonneau qui servait de réserve d’eau, pour l’équipage, contre l’incendie et pour refroidir les canons.

« Tomber à la baille » c’est donc tomber dans l’eau.

BIGUE (1694) Sur un bateau c’est un appareil formé de deux montants (ou mats de charge) réunis au sommet pour soutenir un palan. C’est tout simplement un appareil de levage qui pouvait aussi être sorti au dessus du bord pour charger ou décharger quelque chose.

Une remarque à propos de la bigue. Une version parlant de bigues serait à  l’origine du terme « Bigors »

Cela viendrait du commandement « bigues hors » justement pour faire dépasser le palan de levage hors bords afin de charger ou décharger quelque chose du bateau.

Cela semble un peu tiré par les cheveux car les bigues  servaient à tout fardeau et pas seulement aux canons. Préférons le coup des bigorneaux accrochés aux rochers c’est plus imagé et moins technique.

BITURE (1515) A l’ origine la biture est la longueur de chaine disposée en zig-zag sur le pont et que l’on laisse filer lorsque l’ancre est jetée. Prendre une biture c’était disposer ces chaines sur le pont.

Dans le langage courant prendre une biture c’est prendre une cuite.  

Pourquoi ? On pense simplement que c’est la démarche en zig-zag de l’ivrogne qui imite, sans le vouloir, la position de la chaine sur le pont. Si vous en avez une meilleure …

BRANLE (1687) Non pas du tout… Les branles sont les hamacs des marins. Ils sont appelés ainsi parce qu’ils bougent au gré du roulis. Le verbe branler signifiait bouger. Ce sont des morceaux de toile de

1,80 X 0,90 que l’on suspend aux quatre coins. « Branles bas de combat » signifie : Sautez des hamacs et amenez les dans les bastingages (parapet bordant le pont) dans des caissons disposés entre les canons. Pendant le combat les hamacs servaient de protection supplémentaire contre les coups de l’ennemi

Le soir après le combat certains marins dormaient dans des branles troués.

Dans la Marine aujourd’hui on dit encore « branles bas » pour annoncer le réveil mais plus chez nous car dans l’armée de terre c’était le clairon qui sonnait le réveil. C’était… Car on a perdu aussi le clairon…

CARLINGUE (1573) Chez nous c’est la peau d’un avion. Dans la vieille Marine c’était une poutre  fixée parallèlement à la quille pour renforcer la carène (partie de coque immergée). Comment le terme carlingue passe du dessous d’un bateau à l’avion ? Mystère.

ESTROPE (1690) C’est une boucle de filin (cordage en chanvre) qui entoure une poulie pour la fixer à un mât par exemple. Les marins appellent aussi estrope la boucle qui permet d’assurer la hache d’abordage au poignet.

LARGUE-LARGUER ((1678) La largue c’est l’allure d’un navire recevant le vent par l’arrière du travers. A cette allure les écoutes sont toutes relâchées, larguées. Les écoutes sont les cordages qui servent à retenir les coins inférieurs des voiles carrées.

LARGUER  signifie donc détacher tout cordage de son point d’attache.

MARSOUIN (début XI ème ) Dans un trois mâts le marsouin est tout bêtement  une grosse pièce de bois verticale qui renforce la poutre d’étrave  ou l’étambot (l’arrière). Cette pièce n’est pas visible de l’extérieur. Elle relève plutôt du langage des charpentiers de Marine.

ORDINAIRE (1348)  C’est le repas quotidien des marins.

SUSPENTE (1680) C’est la chaine permettant de supporter les basses vergues, elle est reliée au mât. Les vergues étant les pièces  de bois qui portent les voiles)

SOUS-VOILE (1160) Mettre sous-voiles c’était hisser la ou les voiles.

Comme quoi on à rien (ou presque rien) inventé quand l’avion ou le parachute sont arrivés….

                                                                                    

                                                                                               

 

 

Commentaires

  • ANTOINE
    • 1. ANTOINE Le 16/01/2019
    Et si le grelin était plutôt un cordage de forte section utilisé pour le remorquage et l'amarrage de bateaux. Il est néanmoins plus mince, plus « grêle » que le câble.
  • louadoudi
    • 2. louadoudi Le 14/01/2019
    bonsoir a tous,concernant l'ancre de marine je tiens a preciser que ce n'est pas un cable mais un GRELIN.a tchao bonsoir.louad.
  • Jolly JC
    • 3. Jolly JC Le 30/11/2018
    Bonjour Jacques
    On en apprend chaque jour et tu est toujours au top pour nous faire partager tes connaissances et nous divulguer quelques anecdotes et petits secrets de notre histoire militaire.
    Merci
    Amitiés para
    JC

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